Dans le cadre de l’IABR – 2018+2020 – The Missing Link, l’Atelier Rotterdam voit la transition énergétique comme un moteur du développement urbain, mais aussi comme un moyen d’aborder d’autres problématiques importantes, telles que la production, l’habitat, l’égalité sociale et l’eau. Davantage qu’un objectif, la transition énergétique contribue ainsi à bâtir un avenir meilleur en rendant Rotterdam résiliente et inclusive. Pour le dire autrement : comment l’environnement bâti peut-il contribuer à la transition énergétique, et, inversement, comment la transition énergétique peut-elle contribuer à améliorer le milieu de vie ? La question de l’énergie est liée à l’espace, et l’utilisation de celui-ci à la solidarité. Quelle est la plus-value écologique et sociale de cette transition pour la ville, le quartier et chaque citoyen ? C’est la question posée par l’Atelier IABR Rotterdam.

Auparavant, le système énergétique était dissimulé en sous-sol ou exilé dans de lointaines centrales électriques. Désormais, il sera de plus en plus visible au quotidien, car l’infrastructure de l’énergie renouvelable est surtout aérienne. L’extraction et la distribution des énergies fossiles sont en grande partie dérobées au regard, alors que l’exploitation de l’énergie solaire, éolienne ou géothermique aura un impact direct et apparent sur notre environnement. Bref, le nouveau système énergétique aura une grande influence sur la façon dont nous organisons et façonnons la ville. Mais, inversement, le développement spatial (allant du bâtiment à la ville) peut avoir un impact important sur la transition énergétique. Très concrètement, celle-ci devient dès lors une tâche spatiale.

La transition énergétique met la ville portuaire de Rotterdam, plus que d’autres, face à une lourde tâche. Elle suppose de grands changements, touchant au plus intime de la vie urbaine, de l’économie portuaire à la ville elle-même. Cette transition peut-elle être plus rapide, plus judicieuse, et emporter plus d’adhésion en démontrant qu’elle peut permettre, aussi, d’améliorer la qualité, sociale et environnementale, de la vie à Rotterdam ? Quelle approche, quelle politique, quel développement du quartier à la ville, et quelles coalitions entre citoyens, entreprises et autorités faut-il dès lors prévoir? Voici les questions ambitieuses que se posent les trois commanditaires de l’Atelier IABR Rotterdam – la Ville, l’entreprise portuaire et l’IABR.

Depuis que la communauté internationale a signé l’accord climatique de Paris, elle a clairement fait un pas dans le bon sens : les émissions de CO2doivent être réduites d’au moins 80 % d’ici à 2050 si nous voulons éviter une atteinte irréversible à notre milieu de vie. En conséquence, le gouvernement néerlandais a présenté une politique comportant des objectifs à long et à moyen-long terme. Encore faut-il nous y mettre ! Car nous vivons à crédit, surtout dans la région de Rotterdam, où se trouve l’un des ports les plus importants au monde ; or l’économie portuaire dépend encore largement des carburants fossiles. Que peut faire Rotterdam pour réaliser la transition énergétique?

La transition énergétique est souvent perçue comme une question technique, liée à l’infrastructure. Pourtant, cette transition implique également des problématiques spatiales et sociales. La qualité du bâti joue un rôle important dans la baisse de la consommation d’énergie. Aujourd’hui, pas moins de 70% des logements de Rotterdam portent un label énergétique C, voire moins bon encore. Des économies d’énergiene seront possibles que lorsque les logements existants auront subi une rénovation approfondie et que la construction neuve tendra à la quasi-neutralité en matière de consommation. Étant donné que la nouvelle infrastructure énergétique ne sera plus dissimulée en sous-sol ou dans des centrales éloignées, elle aura un puissant impact spatial et sera un facteur déterminant dans notre façon d’organiser et de façonner la ville.  

En outre, la transition énergétique est une problématique sociétale. La pénurie d’énergie est déjà omniprésente, surtout dans les quartiers les plus vulnérables. Celui qui, faute de moyens, aura raté les opportunités présentées par la transition, risque plus tard de faire face à des coûts énergétiques plus élevés. Mais on peut imaginer une autre approche de la transition énergétique, plus solidaire: citoyens et collectifs d’habitants peuvent être soutenus et encouragés à devenir eux-mêmes des producteurs d’énergie. Ainsi les transformations écologiques, associées à des avancées sociales, mettraient tout le monde sur un pied d’égalité.

La transition énergétique requiert donc, d’une part, une approche intégrale à tous les niveaux d’échelle, et, d’autre part, une méthode qui réponde aux bouleversements en cours. Si nous observons les innovations, les projets pilotes et expériences qui mettent en œuvre la transition vers les énergies renouvelables étape par étape, nous constatons souvent des acteurs et des partenariats entièrement nouveaux. Cette nouvelle donne entraîne aussi un changement de rôle, de tâches et de responsabilités du gouvernement, du citoyen et des acteurs du marché. Il faut donc un nouveau cadre clairement lisible.

Jusqu’en 2020, l’Atelier IABR Rotterdam va explorer plusieurs pistes de travail, chacune à une échelle et dans un domaine d’action différents. Ensemble, ces pistes de travail vont dessiner une perspective d’avenir concrète, réalisant la transition énergétique tout en misant en même temps sur de larges bénéfices sociétaux.

À l’échelle du bâtiment, l’analyse porte sur les nouvelles typologies de logements collectifs susceptibles de contribuer à la transition énergétique. Au lieu de « coller » les technologies énergétiques sur des constructions traditionnelles, l’Atelier explore et illustre comment le plan, la composition, les espaces et les équipements collectifs ainsi que la structure des immeubles résidentiels peuvent être redessinés de telle manière que le bâtiment soit entièrement adapté à la consommation de l’énergie renouvelable.

En même temps, l’Atelier IABR Rotterdam va aller sur le terrain dans trois quartiers de Rotterdam. Là, avec tous les acteurs et parties concernés, nous réfléchirons à la façon dont la transition énergétique peut être réalisée étape par étape, et comment définir une stratégie collective pour un nouveau quartier énergétique tout en tenant compte d’un large agenda sociétal. 

Le premier quartier est le quartier Bospolder-Tussendijken où nous explorons et testons le Next Generation Energiewijk (district énergétique de nouvelle génération), en collaboration avec la coopérative Delfshaven, la Ville de Rotterdam et la corporation de logements Havensteder. Au cours d’une deuxième phase, nous développerons une stratégie à l’échelle du quartier énergétique pour et aux côtés des quartiers Rotterdam Central District et Tarwewijk.

Au cœur des pistes de réflexion et de travail de l’Atelier IABR, l’ambition commune à la Ville, à l’entreprise portuaire et à l’IABR de développer un agenda de transformation intégrale pour la transition énergétique. À cet effet, nous explorons comment le développement urbain, le développement sociétal et la gestion urbaine peuvent être associés de manière proactive, et comment ils peuvent dès lors jeter un pont entre les visions d’avenir et les objectifs ambitieux, d’une part, et le développement et l’exécution de projets de l’autre. 

Type: Recherche, Expo


Année : 2017-2020

Client : IABR

Partenaires : IABR, la Ville de Rotterdam (Développement urbain et Resilient Rotterdam) et le Port de Rotterdam

Lien externe: IABR-Atelier Rotterdam